Photos Copyright B. Van Berg
"Le vin le plus simplement", telle est la devise de Bernard Van Berg, vigneron à Meursault. Plus qu'un domaine, plus qu'un vigneron, il s'agit d'un concept: celui de la production d'un vin de "haute couture", selon les précepts d'une viticulture de jadis, faisant fi des rendements, remettant au goût du jour certains modes de conduite de la vigne (échalas) et naturellement tournée vers le bio. Oui Madame, tout ici est fait à la main! A la main et à dos d'homme, le plus souvent celui du fils de la maison, qui en profite pour travailler ainsi sa musculature dans les coteaux bourguignons.
Mais qu'est-ce qui a donc bien pu pousser Bernard Van Berg, photographe belge réputé, à venir s'installer à Meursault pour élaborer du Bourgogne Grand Ordinaire de luxe? L'amour du vin et du travail bien fait, très certainement. Authenticité, exigence et qualité sont les mamelles du domaine Van Berg. Chaque grain de raisin est bichonné comme s'il s'agissait d'une pépite. Aucun n'est issu d'appellation prestigieuse. Gamay, Pinot noir et Chardonnay viennent tous de terroirs de deuxième ordre et/ou de villages limitrophes de la prestigieuse Côte. Et pourtant! Le soin apporté au raisin à la vigne se retrouve à la cave où, après foulage aux pieds, la vendange, non égrappée, est élevée exclusivement en fût neuf. De quoi attiser quelque suspicion de la part d'un réfractaire au bois comme moi, mais cette option s'avère finalement cohérente, comme va le démontrer la dégustation qui va suivre, préparée au domaine à l'occasion des Grands Jours de Bourgogne.
Tous les vins sont en appellation Bourgogne Grand Ordinaire, repli stratégique qui permet de mettre en avant à la fois leur origine géographique et le millésime, tout en s'éloignant du standard de la production locale. Evidemment, tout cela a un prix, apte à faire tousser pas mal de monde. Le BGO le plus cher de tout l'Univers, voilà qui fait jaser dans le microcosme! Etant donné sa qualité, cette micro production ne peine pourtant pas trop à trouver sa niche à l'export, notamment du côté de la Belgique, attentive aux efforts fournis par le domaine.
Rouges:
- 2002, Au Tennis: élevé pendant 5 années avec renouvellement des fûts au bout de 2 ans, ce qui nous donne au bout du compte un vin 200% fût neuf. La bouche parait énorme, avec des tanins plutôt marqués mais relativement soyeux. Une certaine élégance malgré une sensation globale de dureté (mise relativement récente) et un caractère végétal présent.
- BGO 2003: rendements minuscules du fait de la canicule, assemblage des différentes parcelles de Pinot noir du domaine, élevées 18 mois en fût neuf. Le nez reste frais et fruité, avec un caractère végétal certain. Bouche concentrée et fraiche, avec beaucoup de tanins légèrement asséchants en finale. Un gros volume en bouche pour un vin qui doit encore digérer son élevage.
- 2004, Au Tennis: Pinot noir vendangé le 15 octobre, après un tri drastique, non pressé et élevé 20 mois en fût neuf. Un jus de goutte exclusif qui possède une attaque très soyeuse. Les tanins ressortent beaucoup plus en finale, sur une note plutôt végétale.
- 2005, La Combe: un joli Gamay très concentré, épicé et fruité, qui garde fort à propos une grande fraicheur.
- La Rose 2005: derrière des notes légèrement fumées, un Pinot noir qui fait preuve de fraicheur et de friandise.
- En Busigny 2005: un pinot Noir sérieux, concentré et fruité, tonique, avec une belle finesse. Le fruit revient bien en finale, dans une belle harmonie.
- Les Gamets 2005: comme son nom l'indique, du gamay, en provenance du lieu-dit En Busigny. Fraicheur et belle acidité, procurant une sensation de grande buvabilité, même si la finale est à peine tannique.
- Les Bergers 2005: un vin droit, net, concentré et charnu.
- En Busigny 2006: échantillon tiré du fût, soyeux et fin, gourmand et élégant.
- En Busigny 2007: malo non faite. Joli fruit, tonique et frais.
- Les Gamets 2007: après une pointe de réduction, se développe une chair fine, soyeuse et gourmande.
- Solaire 2007: une vendange tardive de Pinot noir, le 6 novembre 2007, pour un caractère surmaturé sec étonnant. Le nez évoque un Porto, la bouche est pleine, riche, possédant acidité et fraicheur. Un vin exceptionnel!
Rosé:
- La Rose 2007: une production infime de Pinot noir vinifié en blanc et élevé en fût neuf. Le nez est très "jus de raisin", on se croirait à la cave le jour des vendanges. Bouche légèrement tannique, fraiche, fine et gouleyante.
Blancs:
- Le Fourneau 2005: grande maturité, du gras, puis de la droiture et une grande longueur.
- Le Fourneau 2006: fruits blancs, d'une grande netteté aromatique, fraicheur et gourmandise.
- Le Fourneau 2007: au stade fruité très primaire, mais d'une grande pureté d'expression, avec une sensation de sucrosité résiduelle.
Au final, des vins d'une grande évidence et d'une réelle qualité. Plutôt inhabituel pour ces trois lettres plus souvent frappées du signe de l'infamie: quand BGO rime avec vin, tout simplement. Une rime poétiquement non riche mais des vins destinés à une élite qui l'est plutôt. Au vu du travail effectué à la vigne et à la cave, le positionnement du domaine Van Berg peut tout à fait se justifier.
Olif
Balade castel-chalonnaise hivernale, sous un grand ciel bleu. Passage devant la Vierge et la Tour Charlemagne, unique vestige du château médiéval des seigneurs de Chalon, mais pour une prière à Bacchus, dont la "chapelle" trône au coeur du vignoble. Mécréant que je suis!
Le domaine Macle, c'est un peu la référence en matière de Château Chalon, ce qui n'est un secret pour personne. Un domaine hissé au sommet par Jean Macle, vigneron éminemment respecté et respectable. Cet héritage est soigneusement entretenu par son fils Laurent, qui perpétue avec bonheur la tradition, même si l'envie d'explorer d'autres voies le titille un peu. On devrait en principe avoir le bonheur d'assister à un élargissement de la gamme dans les années à venir.
Après avoir goûté quelques 2007 au fût en cave fraiche, plutôt fraiche, normal pour la saison, retour au caveau pour s'installer autour de quelques bouteilles:
- Côtes du Jura 2005, Chardonnay: un pur chardonnay au domaine Macle, c'est une grande première. Sous voile, certes, en attendant peut-être de bientôt les mettre (les voiles!) -qui sait?-. Des raisins sélectionnés qui ont permis l'élaboration d'une nouvelle cuvée, distribuée parcimonieusement au amateurs éclairés et intéressés. On est dans le registre oxydatif fin, pur et élégant. Net, long, avec une finale sur les épices, ce beau chardo évoque irrésistiblement les belles cuvées de Camille Loye ou l'élégante Fauquette de Michel Gahier.
- Côtes du Jura 2005: la cuvée traditionnelle du domaine, comportant 20% de Savagnin, comme à l'accoutumée. La différence d'expression saute aux papilles, même si un premier échantillon est dégusté à une température un peu trop élevée. Le nez est plus puissant, réglissé, presque un peu madérisé sur la première bouteille. La bouche est plus large, un peu lâche, bien caractéristique d'un oxydatif jurassien d'école, du genre qui plait bien aux autochtones. Les mises ultérieures devraient plus privilégier la finesse.
- Côtes du Jura 2004: fin et élégant, bien défini, ce 2004 goûte particulièrement bien en ce moment.
- Château Chalon 2000 Lot n°1: très fin, sur les morilles, l'écale de noix, il persiste et signe. L'élégance même à 330 mg d'éthanal.
- Château Chalon 2000 Lot n°2: nez marqué sur la noix, très oxydatif. Pêchu en attaque, il devient net et droit au fur et à mesure de la dégustation. Un style plus claquant que le précédent, mais qui ne manque néanmoins pas de finesse. 528 mg d'éthanal, ça se sent!
- Château Chalon 1999: une bouteille en passe de devenir un des monuments de l'appellation et du millésime. Un Château d'anthologie, dans une année de rêve, qui a en outre la particularité de bien se goûter à tous les stades de son développement. A chaque fois que j'ai mis les lèvres dedans, c'était bon! Rondeur en attaque, légèrement miellée, d'une grande douceur et d'une infinie longueur, avec en finale retour d'une acidité immense. Superbe et magistral, je ne m'en lasse pas!
- Château Chalon 1990: la robe commence à dorer légèrement, le nez se confit, sur l'écorce d'orange, le moka, avec une petite touche de pétrole. Long et droit, il commence à se livrer par petites touches et acquérir toute sa dimension et sa complexité.
Olif
Bon, le titre, je reconnais, c'est moyen-moyen. Mais je n'ai pas mieux!
En préambule à la dégustation des 2007 du domaine Lescure, nous avons eu l'opportunité, grâce à la présence de Romaric Chavy parmi nous, de goûter en avant-première aux 2007 du domaine Chavy-Chouet. En association avec son père Hubert, bien connu dans le landerneau murisaltien, notamment en raison de quelques frasques de jeunesse, Romaric travaille d'arrache-pied à une meilleure reconnaissance du domaine familial, avec une approche qui tend de plus en plus vers le bio. La proportion de vins embouteillés ayant quasiment doublé en 2007, au détriment de la vente d'une partie de la récolte au négoce, chose dont on ne peut que se réjouir, les amateurs devraient pouvoir plus facilement y trouver leur compte, d'autant que les vins dégustés en cours d'élevage sont déjà très prometteurs.
- Bourgogne blanc Les Femelottes: robe légèrement dorée, nez très mûr, belle vivacité, vin droit et plaisant.
- Puligny-Montrachet Les Enseignères: nez citronné, encore un peu fermentaire, avec des notes d'agrumes. Du gras en bouche, avec une belle tension minérale. Finale acidulée et salivante.
- Puligny-Montrachet 1er Cru Hameau de Blagny: nez sur la réserve, un peu beurré, avec des notes de noisette. La bouche est tendue, minérale jusque dans la finale, avec apparition d'une pointe de gras.
- Meursault Charmes du Milieu: bouche nette, tonique en attaque (carbonique résiduel), avec de la rondeur et du gras.
- Meursault Clos des Corvées de Citeau: un véritable clos, monopole du domaine, qui donne un vin généreux au nez citronné et à la matière opulente, enrobée, riche, avec du gras.
- Bourgogne rouge "La Taupe": nez kirsché, pinotant joyeusement. Tanins soyeux, au velouté frais et à la belle gourmandise.
DOMAINE CHAVY-CHOUET
Romaric & Hubert Chavy
31 rue de Mazeray 21190 MEURSAULT
Tél. : 03 80 21 61 74
Un domaine à suivre de près et des vins à revoir bientôt, pour confirmer leur beau potentiel.
Olif
Blanc bleu jaune! Cocktail coloré et gagnant pour cette 12ème édition de la percée du Vin jaune qui se déroulait cette année dans le Sud-Revermont. Vincelles et Sainte-Agnès ont mis les petits plats dans les grands pour accueillir une foule de 45000 visiteurs sur deux jours. La neige tombée dans la nuit a vite fondu, non sans avoir suscité quelque inquiétude du côté de l'organisation. Exit le tapis blanc, place au ciel bleu et au vin jaune.
12000 personnes dans les rues de Sainte-Agnès et Vincelles le samedi après-midi, voilà qui n'a pas dû arriver depuis belle lurette. Ambiance bon enfant, festive et conviviale. Certains n'hésitent pas à pousser la chansonnette à boire et taper l'incruste dans les caveaux, les rendant parfois difficiles d'accès, mais c'est la règle du jeu. Car la Percée est avant tout une grande fête populaire, un véritable hymne aux vins du Jura, à travers son plus noble représentant.
Histoire de bien commencer l'après-midi et se faire la bouche, avant de rendre visite à quelques vignerons, grande dégustation du clavelinage ... 2007, avec quelques jolies bouteilles issues des millésimes 99 et 2000, principalement:
- Château Chalon 1999, Denis Chevassu: très fin, ample, long, élégant, un très beau vin.
- Arbois Jacques Tissot 1999: nez étheré marqué, qui claque. Un Arbois, c'est sûr! En bouche de la puissance et une acidité marquée, longue et persistante. Un vin marquant, qui manque un peu de finesse à mon goût, mais c'est un style revendiqué.
-Côtes du Jura 1999, Domaine Pêcheur: nez plutôt discret et réservé, bouche un peu rustique, acidité marquée persistante.
- Côtes du Jura 1999, G. Quillot: premier nez sur la poire plutôt engageant. En bouche l'attaque est fruitée mais rapidement, le vin devient un peu raide et plutôt strict. Longueur moyenne.
- L'Etoile 1999, Château L'Etoile: bouche ronde, un peu simple et monolithique, jolie rétro sur les épices et la morille.
- Château Chalon 1998, Fruitière de Voiteur: nez sur la noix, bouche simple et courte, manquant de complexité.
- L'Etoile 1999, Château de Quintigny: progressif, puissant et long.
- Château Chalon 1999, Philippe Butin: intense, long, élancé, puissant, très beau.
- Arbois 1997, Raphael Fumey et Adeline Chatelain: nez sur les épices, du fruit et de la longueur, finale acidulée.
- Château Chalon 2000, Philippe Butin: sur la noix, les épices et le curry, ce qu'on attend d'un jaune, finalement. Puissance et longueur, bel équilibre malgré une finale un peu chaude.
- Côtes du Jura 2000, Domaine Pignier: fin, long et élégant, un style racé et un très beau Jaune.
- Arbois 2000, Fruitière Viticole d'Arbois: fruité, rond, aimable, d'un plaisir immédiat, avec une longueur confortable.
- Arbois-Pupillin 1999, Fruitière viticole de Pupillin: simple et un peu court.
- L'Etoile 1999, Philippe Vandelle: fruité, puissant et long.
- Côtes du Jura 2000, Cie des Grands Vins de Crançot: nez étheré, un peu bizarre, végétal, sur le chou. Bouche déséquilibrée mais flagorneuse, avec de la sucrosité.
- Côtes du Jura 2000, Domaine Grand: nez fin, sur la morille. bouche droite et nette, finale un peu fuyante.
- Côtes du Jura 2000, Caveau des Byards: joli fruit, affable, presque doucereux en attaque. Longueur et finesse avec une belle rétro sur les épices en finale.
Poursuite de la dégustation en plein air, dans les caveaux, avec un recentrage exclusif sur les Jaunes, non clavelinés mais loin d'être déméritants, au contraire, tel le Château Chalon 2000 du domaine Macle, d'une précision et d'une finesse sans égal. Les stands de Montbourgeau et Labet étant inaccessibles, repli tout en haut du village de Vincelles pour tailler une bavette avec Dominique Grand, de la Maison de Rose, et goûter à son confidentiel Côtes du Jura Vin jaune 2000, caché sous le comptoir, bien bâti mais encore jeune!
Et c'est là que soudainement, pour la deuxième fois de ma vie, un inconnu s'est précipité vers moi et m'a offert des fleurs...non... m'a demandé en mariage... non plus ... m'a demandé si ce n'était pas moi l'Olif qui écrivait "un blog super bien" (sic) sur les vins, du Jura en particulier. J'ai rougi, regardé par terre, tracé un rond sur le macadam avec la pointe de mon soulier et marmonné d'une voix basse un petit : "oui". Eh bien, sache, ami normand amateur de Jura et lecteur régulier de ce blog, que cela m'a fait chaud au coeur et que je te dédie ce billet.
L'heure tourne, on poursuit la dégustation au petit trot, avec un Arbois jaune 2000, du côté de chez Martin-Faudot, après une toute nouvelle cuvée de Savagnin ouillé 2004 dont l'élevage mérite de se fondre un peu.
Et puis une superbe découverte avec les vins du domaine Opus Vinum. Alice Bouvot et Charles Dagant, les nouveaux Mozarts arboisiens, ont créé leur domaine en 2005 avec la volonté de faire bon et bio. Déjà 1 ha en bio sur le beau et célèbre terroir de la Mailloche et 4 autres en conversion, sur les magnifiques terroirs de Curon et des Corvées sous Curon, entre autres. 66% de cépages rouges contre 34% de blanc, ce qui n'est pas banal dans la région. Des beaux rouges fruités, croquants, charnus et de jolis chardonnays qui se goûtent déjà fort bien (dont deux cuvées de Mailloche, l'une ouillée et l'autre sous "léger" voile). Dégustation allegro, puis accelerando, juste avant la fermeture des caveaux. Il faudra prendre le temps de passer au domaine et goûter plus tranquillement toutes ces cuvées qui tirent leurs noms de différents opéras de Mozart. Leurs états d'âme sont à suivre sur leur blog ABCD.
Dernière visite, consacrée à Peggy Buronfosse, une des "régionales" de l'étape, la Combe de Rotalier ne se trouvant qu'à une caudalie de Vincelles. Rien eu le temps de goûter, ce sera pour une prochaine fois, mais l'ambiance autour de son caveau était des plus enjouées et sympathiques.
18 heures, on ferme. Rideau! Ce n'est que le lendemain matin que le fût de 2001 sera mis en perce.
Olif
P.S.: sous la plume d'un certain Jest (mais qui est-ce donc?), la vénérable Tribune de Genève s'est fendue vendredi dernier d'un vibrant hommage au Vin Jaune. D'ailleurs, j'en vibre encore.
Que voilà un beau domaine de Côtes de Nuits, dont on ne parle pas suffisamment et qui mérite d'être vivement recommandé, car depuis que François Chavériat est aux commandes, le domaine Chantal Lescure ne cesse de progresser en direction des sommets. De la plus simple cuvée de Bourgogne au Clos de Vougeot, seul grand cru du domaine, tous les vins sont parfaitement définis, bien en place, une cohérence remarquable de toute la gamme.
A bas les millésimes! Une variable de fort peu d'importance dans la qualité d'un vin, finalement, lorsque l'on a su, grâce à une viticulture exigeante, favoriser l'enracinement profond des vignes et rendre à nouveau vivants des sols que l'on a conduits au bord de l'asphyxie dans les années 80. Car, alors, la plante a de la ressource et sait s'adapter aux conditions extérieures. Le millésime 2007, déjà enterré avant d'être né, en est la preuve, puisqu'au domaine Lescure, on a fait bon, et même très bon, et bien, voire même très bien, alors que les conditions météorologiques optimales étaient loin d'être réunies. Ou comment récolter les fruits d'un labeur journalier dans les vignes. Leçon de terroir, leçon de vie, leçon de vin, 2007 vu par François Chavériat, c'est un peu tout cela à la fois. Une philosophie et une exigence de qualité qui forcent le respect, d'autant que cette vérité-là se retrouve aussi dans le verre.
Les échantillons ont été prélevés sur fût la veille. Pour la plupart, ils n'ont pas effectué leur fermentation malo-lactique. Après une dégustation apéritive de 6 vins du domaine Chavy-Chouet, en compagnie de Romaric Chavy, dégustation sur laquelle je reviendrai ultérieurement, on attaque par 3 blancs du domaine Lescure avant de goûter les rouges.
- Côte de Beaune blanc la Grande Châtelaine: bouche stricte, acidulée, encore serrée, un style minéral et tendu qui me plait plutôt bien.
- Côte de Beaune blanc, Clos des Topes Bizot: des jeunes vignes de 5 ans, mais le vin possède déjà du gras et de la rondeur. Très fruit en attaque (mirabelle, pêche), il termine sur une belle acidité fraiche.
- Nuits-Saint-Georges blanc Les Creux Fraiches Eaux: nez un peu caramel, avec une petite pointe oxydative qui devrait s'estomper progressivement. La bouche est stricte, dense et serrée.
- Bourgogne rouge "Les taupes Maison Dieu": un Pinot Noir aux tanins fermes, serrés, mais au grain fin, avec un fruit qui revient bien en finale.
- Côte de Beaune Clos des Topes Bizot: joli nez sur les petits fruits rouges. Bouche charnue, aux tanins croquants et à la belle fraicheur acidulée.
- Beaune 1er Cru Les Chouacheux: nez particulièrement complexe et intéressant, sur les épices, la cannelle et la mine de crayon. La bouche n'est pas encore en place, avec des tanins durs, compacts, présentant une amertume finale.
- Volnay Les Famines: nez kirsché, sur l'amande amère, très Pinot, finalement. Tanins fins et serrés, veloutés, avec une belle acidité.
- Pommard Les Vignots: ce coteau plein sud produit généralement des vins au caractère plus solaire que les autres, raison pour laquelle seule cette parcelle du domaine n'est pas effeuillée.
- Pommard Les Vaumuriens: vendange classiquement égrappée, son premier nez est refermé, peu expressif, mais délivre un beau fruit à l'aération.
- Pommard les Chanlins: en vendange entière, mais c'est un test. Le nez est plus ouvert, fruité, mais la bouche présente un caractère végétal plus marqué, avec des tanins croquants et végétaux.
- Pommard 1er cru Les Bertins: deux déclinaisons, sur deux lots différents. Les Jeunes Vignes présentent un nez de cassis, du gras en bouche, une pointe de gaz aussi (malo en cours), et surtout une sensation de sucrosité. Les Vieilles Vignes possèdent des tanins plus veloutés, avec une acidité fraiche après une petite pointe oxydative fugace, fréquente à ce stade sur les vins du domaine. Meilleur équilibre sur les Vieilles Vignes, qui, d'une manière générale, murissent mieux et plus lentement que les Jeunes.
- Nuits-Saint-Georges Cuvée ronde: assemblage de plusieurs climats en appellation village, sur un sous-sol argileux. Cette cuvée est très ronde en bouche, comme son nom l'indique, avec des tanins sphériques mais une longueur moyenne. Un vin de plaisir assez immédiat.
- Nuits-Saint-Georges les Damodes: en deux services, l'un plutôt végétal, avec des tanins asséchants, l'autre bien enrobé et arrondi, avec un joli fruité réglissé au nez. La différence? Même climat, même vendange, même vinification. Ben quoi, alors? Le premier des deux vins provient de la récolte d'une parcelle récupérée dernièrement, qui n'est en bio que depuis une année, et dont les racines n'ont pas encore eu le temps d'aller chercher en profondeur leur substantifique moelle minérale. Moralité: vivent les vignes bien travaillées pendant longtemps! A long terme, d'après François Chavériat, ces Damodes finiront quand même par se rejoindre dans la même expression du climat.
- Nuits-Saint-Georges 1er Cru Les Vallerots: un superbe terroir méconnu, plutôt froid, qui produit des vins racés et élégants. Droit, minéral, avec de la longueur et de la fraicheur acidulée, le 2007 a tout pour plaire. Une révélation!
- Chambolle-Musigny Les Mombies: un peu acidulé et pas complètement en place, il ne se goûte pas très bien ce jour-là. A revoir.
- Vosne-Romanée 1er Cru Les Suchots: un régal, presque! Une pointe de réglisse, des tanins pleins, fins, veloutés et enrobés. Un très beau vin.
- Clos de Vougeot: imposant, sérieux, avec une matière dense, un Grand Cru, quoi! Mais peut-être pas le plus facile à goûter à ce stade, surtout derrière Les Suchots.
Des vins extrêmement prometteurs, pourtant pas évidents à goûter (malo non faite), et dans un millésime réputé difficile, voilà qui devrait faire réfléchir bien du monde! Surtout que pour mieux appréhender tout le travail accompli, la dégustation s'est achevée par un petit tour des 2006 (magnifiques!) à la cave et au fût. Des vins à un stade plus avancé, qui laissent encore mieux augurer du potentiel de 2007. Surtout que les vins du domaine Lescure, même s'ils se dégustent bien dans leur jeunesse, sont des vins qui demandent du temps pour révéler tout leur potentiel. Un style somme toute plutôt classique, pour exprimer la quintessence de la Bourgogne. Classique, mais flamboyant! Et sans épate!
L'ultime leçon fut culinaire: les Bourguignons en connaissent un rayon en matière de cuisine du boeuf en cocotte avec une sauce au vin rouge. Pas étonnant qu'on ait décidé de l'appeler "bourguignon", ce boeuf-là!
Olif
P.S.: Le Châ a fait son miaou sur le forum des dégustateurs. On lira avec grand intérêt sa prose au sujet de cette même dégustation.
I went to the market (of wines of Ampuis)
Mon p'tit panier sous mon bras
I went to the market (of wines of Ampuis)
Mon p'tit panier sous mon bras
The first winemaker I met
C'est le fils d'un ardéchois
{Refrain:}
I love you vous n'm'entendez guère
I love you vous ne m'entendez pas
The first winemaker I met
C'est le fils d'un ardéchois
He said what have you got
Dans ce beau p'tit panier-là
He said what have you got
Dans ce beau p'tit panier-là
I have got some Saint-Joseph
N'en achèteriez-vous pas
I have got some Saint-Joseph
N'en achèteriez-vous pas
I'll taken one dozen
P'is l'bonhomme te paiera ça...
Aux vignes avec Gilles Vigneault, humeur primesautière pour température printanière. Se faire rôtir sur la Côte, c'était possible, ce 20 janvier 2008. 16°C sous un ciel d'azur, en tee-shirt dans les vignes, au milieu des Grands Taillis.
Pour ma première apparition au Marché aux vins d'Ampuis, j'ai donc cédé en premier lieu aux sirènes de Saint-Joseph et du domaine Coursodon, dont j'apprécie les vins depuis quelques années déjà. Dégusté les 4 cuvées de rouge crescendo, de Silice à La Sensonne, en passant par L'Olivaie et le Paradis-Saint-Pierre, millésime 2006. Mention spéciale à la cuvée de base Silice, pour sa fraicheur et sa buvabilité, et à L'Olivaie pour son équilibre et son harmonie. La Sensonne et le Paradis-Saint-Pierre possèdent toutes deux une matière impressionnante, encore serrée, se goûtant sur des notes légèrement boisées actuellement. Longue garde prévisible et souhaitable, pour que l'élevage se fonde.
Poursuite en compagnie de Benjamin Duclaux, qui avait eu la bonne idée de m'adresser un faire-part de naissance du tout nouveau site internet de l'appellation Côte-Rôtie. Une information que je me suis fait un plaisir de relayer et qui m'a incidemment incitée à me rendre à ce 80ème Marché aux Vins d'Ampuis. Le Domaine Duclaux ne proposait qu'une seule cuvée à la dégustation, La Germine 2005, nom de baptême de la cuvée de Côte-Rôtie générique, le terroir Maison Rouge étant désormais vinifié à part pour exprimer toute sa plénitude. Un vin de fort belle constitution, aux tanins veloutés et frais, avec une belle acidité.
Passage au stand du Domaine Clusel Roch, dont je gardais un excellent souvenir d'une cuvée baptisée L3F00 et qui correspondait à un one-shot de la troisième feuille d'une nouvelle plantation en Côte-Rôtie. La Cuvée classique 2004 possède beaucoup de fraîcheur et une certaine tension minérale, la 2005, beaucoup plus riche, possède un velouté charmeur. Les Grandes Places 2006, encore en cours d'élevage, séduisent par leur grande concentration et leur suprême élégance. Un coup de coeur!
Christophe Pichon, de Chavanay, se trouvait juste en face. Des retrouvailles, puisque l'on s'était déjà rencontré lors d'une dégustation lyonnaise entre vignerons jurassiens et rhodaniens (j'étais au milieu!). Trois vins proposés, dont un Saint-Joseph 2006 charmeur et une Comtesse en Côte Blonde 2005 qui en impose par sa richesse de constitution. A attendre, forcément!
Grosse commande à récupérer chez Jamet, pour le compte de potes au bon goût. On ne goûte que la Cuvée Elégance 2006, en bouteille de 50cl, qui fait un véritable malheur en restauration. Je connaissais le millésime 2004, ce 2006 se boit comme du petit lait, même si on n'aime pas le petit lait. La Côte-Rôtie 2005, désormais épuisée, n'était proposée en principe à la dégustation qu'aux titulaires d'un bon de réservation, dont je faisais partie, du coup. Un vin superbe, puissant, racé et élégant, qu'il fait bon avoir en cave.
Dernier coup de coeur total de la journée chez Jean-Michel Stéphan, dont j'étais extrêmement curieux de découvrir les vins. Un cas à part dans la Côte Rôtie, avec une approche presque "nature" du vin et un usage plus que parcimonieux du soufre. La Cuvée de base 2005 est déjà un régal, la cuvée Vieilles Vignes 2005, et encore plus Tupin 2005, procurent un sentiment de plénitude et d'accomplissement. L'élevage 100% bois neuf de Tupin passe complètement inaperçu derrière la qualité de la texture. Impossible à cracher! Surtout après une petite omelette aux truffes du Tricastin proposée au stand "restauration" de l'entrée.
Un Salon effectué à petites foulées, qu'il faudrait pouvoir prendre le temps de faire plus en détail. Une prochaine fois, très certainement, parce que cela donne envie d'y revenir. Il n'empêche, je ne regrette absolument pas mon petit parcours sélectif. Le seul à avoir -un peu- souffert, c'est le petit commis au diable, qui a peiné à porter tous les cartons jusqu'au coffre de la voiture!
Olif
"Fondue enchaînée sur la baie de Lausanne dans le Val de Travers
Pour un pélican combien de frangipane ... morceaux de pain de travers
Cher le guili guili
Coucous de contrebande
Ça sonne comme l'Helvète Underground"
Juste pour le bonheur de fredonner un vieux Bashung, sur la route du vignoble neuchâtelois, en passant par la route des écoliers, des raquetteurs et des skieurs de fond.
Ce jour-là, il y avait du monde au balcon, celui du Jura vaudois. Un panorama 95C, la chaleur du bonnet en moins, pour le régal des yeux, avec un Mont-Blanc toujours aussi massif, vu depuis les Cluds. Juste avant de plonger en direction des vignes de Bonvillars et d'Onnens. Plaisir solitaire.
Remontée par l'autre versant du pli jurassien neuchâtelois vers les paysages enneigés, petit coup d'oeil sur le Creux du Van, que j'avais au départ dans l'idée de fouler, raquettes aux pieds, avant de déguster avec ma bouche. Plus grands yeux que grandes enjambées. L'accès hivernal nécessite temps et préparation, j'aurais dégusté avec mes pieds.
Direction la Clavenière, chez le garagiste de Fleurier, par ailleurs vigneron de Travers. Histoire de goûter au fût la production de ce petit domaine artisanal, fruit de l'association entre Pascal Stirnemann aux commandes et Christophe Landry à la cave ou plus exactement au garage.
Elevés à la bourguignonne, en fûts bourguignons, provenant de chez Sauzet ou Méo-Camuzet, les vins de la Clavenière, AOC Neuchâtel, sont une quête d'excellence, un exercice de style. Production microscopique au sein du vignoble, y goûter, au fût, peut être considéré comme un privilège. Je suis donc un privilégié.
- Pinot gris "La Clavenière" 2007, AOC Neuchâtel: un superbe vin sec, au fruit net au nez (arômes de poire William) et à la bouche fraîche. Une belle matière étirée par une grande acidité. J'aime beaucoup.
- Chardonnay Les Charmes 2007, Vin de pays Suisse: du gras, mais le boisé marque encore un peu. Là encore, une belle structure acide prometteuse.
- Rosé de saignée 2007: assemblage des différents cépages rouges du domaine et élevage en barrique. La mise ne devrait plus tarder. Joli nez très caramel au lait, bouche soyeuse, vineuse, nourrie par le bois, mais sachant faire preuve de légèreté. Un beau rosé de gastronomie en perspective.
- Pinot Noir "Plénitude" 2007, Vin de pays Suisse: un très joli fruit, sur une matière dense et resserrée.
- "Le Clavin", Assemblage Rouge 2007, Vin de Pays Suisse: 50% garanoir, 40% Gamaret, 10% Diolinoir pour une belle matière soyeuse, bien concentrée, avec de la rondeur.
- Travers Saints 2007: les tanins sont un peu rustiques, mais sans sensation de verdeur. Longueur suffisante et correcte pour un vin sans prétention.
- Pinot gris passerillé "La Clavenière" 2007, AOC Neuchâtel: une technique de passerillage sur fil dans un local bien ventilé permet une belle concentration des sucres et des arômes. L'acidité est encore dominante, prometteuse, et les notes boisées apportées par la feuillette finissent par s'estomper au fil des millésimes. Le résultat dans quelque temps, lorsque le vin se sera étoffé et aura pris du gras, devrait être à la hauteur des espérances.
- Pinot gris passerillé "La Clavenière "2006, AOC Neuchâtel: en bouteille. Il développe de jolis arômes de fruits jaunes, de mirabelle et de poire. La texture est onctueuse, le boisé encore nettement perceptible, asséchant légèrement la finale. Il faut l'attendre.
- Pinot noir de Concise 2006: des retrouvailles avec ce fort joli pinot à la robe rubis brillante, au joli fruité, fin et délicat. Très beau.
La boucle est bouclée, retour à Travers pour une fondue enchainée, une véritable fondue de la Brévine, avec un Petit Clos 2006 de la Colombe, une cuvée de Chasselas de Maître Raymond Paccot.
"Guili guili
Passé le Rio Grande
Ça sonne comme l'Helvète Underground"
Olif
Petit chatouilleur aimant lâcher sa plume sur Internet.
Les commentaires récents