10ème rendez-vous avec les Vendredis du vin et cette fois-ci, il faudra être étiqueté!
C'est Iris, la sympathique et accueillante vigneronne-blogueuse de Lisson qui a croqué dans la fève et qui nous propose de sortir nos plus belles étiquettes pour les mettre sur la table des VDV. Qu'importe le flacon, pourvu qu'on ait l'ivresse? Que nenni, il ne s'agit point là de se piquer la ruche avec n'importe quelle bibine, mais il faut bien avouer que le packaging, pour superflu que cela puisse paraitre, conditionne nos réflexes de consommateurs. Qui voudrait d'une bouteille de Mouton-Rotschild enluminée par un besogneux du pinceau ou un handicapé de la palette? Hein? Qui? Déjà que ce n'est pas facile à boire, si en plus ce n'est pas joli à regarder! Mais je m'égare, on va encore me taxer d'anti-premier-cru-classé-bordelais-iste primaire alors qu'en fait, c'est juste pour rire! Je ne voudrais pas me faire mal voir avant d'aller effectuer un petit voyage d'études en Gironde ce printemps! Donc admettons que je n'ai rien dit, au cas où Mouton figure au programme.
Justement, revenons-y, à nos moutons, et causons étiquettes. Le design, s'il ne doit pas fausser l'appréciation du vin, doit savoir se hisser à la hauteur de ce qu'on boit, jouer la carte de la complémentarité plutôt que de la superficialité. Inversement, ce n'est pas en drapant d'or et de soie une infâme piquette que l'on sortira la viticulture de mauvaise qualité de l'ornière. Difficile de concevoir qu'un nectar puisse se cacher derrière un hideux paravent, laissant transpirer quelque suspicion sur la qualité du breuvage et trahissant le mauvais goût de son géniteur. Bon prince (et bonne princesse, et bonne reine également), Iris, dans sa grande générosité, ne nous a pas demandé de choisir nos plus vilaines bouteilles étiquetées de la cave. C'est heureux, car celles-là, on les carafe volontiers avant d'en recycler vite fait, ni vu ni connu, le contenant dans la benne à verre du quartier.
Alors place aux 10èmes VDV, après une petite pause récréative:
Il était une fois trois petits cochons qui s'en allaient porter une galette et un petit pot de beurre à leur Mère-Grand alitée. Le Loup blanc, qui avait subodoré leur mission, héla un taxi pour se rendre plus rapidement au chevet de la mémé grabataire. Il tambourina à la porte.
-"C'est nous, Mère-Grand, les trois petits cochons", dit le loup, contrefaisant les trois voix en même temps. "Nous t'apportons une galette et un petit pot de beurre pour t'aider à reprendre des forces."
-"Vous n'entrerez pas si vous ne connaissez pas vos tables d'addition, petits garnements!", chevrota la Mère-Grand." Nif-Nif, 5 + 4=?"
Ayant appris à compter comme un cochon qui grogne, le loup ne se désarçonna pas.
-"Neuf neuf neuf neuf", grouina-t-il derrière la porte.
-"C'est bien! A toi Naf-Naf: 6 + 3=?"
- "Neuf neuf neuf neuf", grogna-t-il en imitant Naf-Naf.
-"A toi, Nouf-Nouf, plus difficile maintenant! 4 + 4=?"
Pris au dépourvu, le loup s'en mordit les lèvres violemment!
-"Uiiiit! Uiiit!", goreta-t-il comme si on l'égorgeait.
- "C'est bien mes petits gayots. Tirez la chevillette et la bobinette cherra!"
A ces mots, le Loup blanc ne se sentit pas de joie, ouvrit un large bec et croqua sa proie. Les trois petits cochons, arrivés un peu tard dans la soirée, pour cause de grève de la RATP, en firent également la douloureuse expérience. La Mère-Grand et Les trois petits cochons, c'est le Régal du Loup, Le Loup Blanc du Minervois, qui appose sa grosse papatte sur des étiquettes qui font le régal des yeux.
Pour l'occasion, pris d'un accès subit de gérontophilie vinique en même temps que d'une soif de loup, j'ai croqué la Mère-Grand 2004 et recraché les lunettes. 40% grenache, 40% carignan, 20% syrah, un joli fruité velouté, de la tendresse et du croquant craquant, des petits tanins soyeux, voilà une bouteille impeccable, aussi séduisante au dedans qu'au dehors.
Les Trois p'tits C.. 2003 (40% grenache, 35% carignan, 20% tempranillo, 5% alicante), goûtés il y a peu, affichent une rusticité plus affirmée et méritent peut-être encore un peu de temps pour que leur couenne s'attendrisse.
Olif
Bravo, ça donne envie de découvrir (sauf la photo, on dirait "du Baraou").
Pour le printemps, tu penses venir à Bordeaux début avril... Dans ce cas on va ensemble voir le "Mouton" ?
Rédigé par : Baraou | 26 janvier 2008 à 09:36