9ème rendez-vous avec les Vendredis du vin et cette fois-ci, il faudra être affecté!
C'est Estèbe, l'inénarrable Mr Slurp de la blogloumiam, par ailleurs réfugié politique et journalistique au bord du Grand Lac, pourfendeur du vino-gastro correct et grand dévoreur de cassoulets devant l'éternel, qui s'y frotte et ne devrait pas s'y piquer. Au fond, l'Estèbe, il est très fleur bleue, derrière la causticité de sa plume. "Votre vin à l'affectif", qu'il nous dit. Une bouteille qu'on aime pour toute autre raison que parce qu'il est bon. Même l'infâme piquette du Tonton Henri, dont on a eu la malchance d'hériter de la cave. Tout un stock de bouteilles dans des millésimes difficiles, pour être poli, ayant depuis longtemps dépassé leur apogée et entamé une lente et inexorable descente aux enfers de la cave, de l'anti-vin tout juste bon à finir dans une sauce quand ce n'est pas à l'évier, mais des bouteilles que l'on aime et que l'on garde précieusement, en souvenir des bons moments passés à sauter sur les genoux du tonton lorsque l'on était enfant. Oui, ses genoux. Et que, surtout, on idéalise, se gardant bien de les ouvrir. Les bouteilles. Des Arbois 1984, 1980, 1977... qui remplissent les casiers, pour les siècles des siècles! Les 82, 83, 85, 88, on les a sifflés il y a déjà longtemps, pas fou, non!*
Et puis, il y en a d'autres, bues il y a un bail aussi, et que l'on conserve pieusement sur sa cheminée, comme un trophée, à côté des cendres du grand-père. Un cadavre de bouteille embaumé, empaillé, destiné à passer à la postérité et à récolter une larme chaque fois que l'on époussette les meubles du salon. Cette bouteille-là, je ne l'ai donc pas débouchée pour l'occasion, mais c'était là, dans un billet qui sent un peu la naphtaline et que l'on pourrait sous-titrer désormais "L'enterrement d'un grand mythe" ou "Regrets éternels bordelais".
Pétrus 1987, le seul Pétrus non bouchonné que j'ai eu l'occasion de boire de toute ma vie! J'en ai encore le palpitant qui ne palpite plus. Boire Pétrus et mourir. Puis le momifier sur le buffet et se génuflexer deux fois par jour en passant devant. Enfin, dans un troisième temps, ressusciter, se détourner des grands crus classés de Bordeaux, région des premières amours bacchiques, pour revenir à des vins plus vivants, sincères et moins chers. J'en suis encore tout affecté! Heureusement qu'il y a de quoi boire ailleurs!
Comme il fallait bien en déboucher une pour de vrai, entre Bordeaux et Bojo, il n'y a qu'une sonorité de différence. Cocorico pour ce Vin de Pays, des Gaules et de Marcel Lapierre, une pressée de raisin sur la langue. Rarement étiquette n'aura été aussi juste et suggestive! Je l'ai encadrée pour la suspendre au dessus de mon lit.
Affectueusement, Monsieur le Président!
Olif
*Toute ressemblance avec un vague cousin Henri ayant existé n'est que purement fortuite, je dis ça à l'intention des gentils lecteurs qui connaitraient un peu ma famille, afin qu'ils ne rapportent pas toutes les horreurs que j'écris aux oreilles de ma môman, heureusement devenue légèrement sourde avec l'âge.
Le Petrus qui Pus, les millésimes nazes du Tonton défunt, la Nature plutôt que la Parure.... on en a inondé le cavier de larmes tellement que c'était émouvant.
Rédigé par : Estèbe | 28 décembre 2007 à 09:50
Ah ton tonton, savait y faire quand même avec ses petits Pétrus le dimanche dans la cuisine.
Rédigé par : Gildas | 28 décembre 2007 à 18:11
Je crois que le Pétrus serait un vin difficile à déguster. J'en ai pas encore eu la chance, mais j'ai du mal à voir comment il peut realiser les énormes attentes. J'espere tester mes idées un jour, mais j'espère éviter l'horreur de tomber sur une bouteille bouchonnée.
Rédigé par : Lisa Roskam | 29 décembre 2007 à 23:48